La marquise Arconati Visconti et la bibliothèque du château de Gaesbeek
Fervente républicaine, Marie Peyrat (1840-1923), fille du journaliste et sénateur Alphonse Peyrat, avait rencontré son futur époux, le marquis Arconati Visconti, sur les bancs de l’École des chartes. Veuve en 1876, elle dispose de la fortune des Arconati Visconti pour soutenir l’enseignement supérieur français : elle finance la construction des instituts de géographie et d’art et d’archéologie de la Sorbonne et la création de prix et chaires. Dans son salon, la marquise reçoit hommes politiques, érudits et intellectuels ; elle y soutient notamment la cause d’Alfred Dreyfus, avec lequel elle échange une longue correspondance.
De la famille Arconati Visconti, elle hérite du château de Gaesbeek, près de Bruxelles. La bibliothèque qu'elle y réunit est riche de plus de 7000 volumes. Il est probable qu’au décès de la marquise, Gustave Lanson, l’un de ses exécuteurs testamentaires et directeur de l’École normale, ait prélevé une partie des collections pour la bibliothèque de l’École. Ces 700 livres, actuellement consultables à l'ENS, reflètent les réseaux et centres d’intérêt de la marquise et de son père. Ils font aussi écho à l’histoire de la famille Arconati Visconti : riche en éditions romantiques et guides de voyage, cette collection éclaire le contexte culturel du Risorgimento.
Cette présentation accompagne l’exposition organisée au Musée des arts décoratifs « Marquise Arconati Visconti. Femme libre et mécène d’exception » jusqu’au 15 mars 2020.
La correspondance et les carnets de la marquise, conservés par la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, ont été numérisés en 2019 et sont consultables en ligne sur NuBIS. La BIS consacre une exposition virtuelle à la marquise.
Crédits
Textes : Thérèse Charmasson, conservateur en chef honoraire du patrimoine. Mise en ligne de l'exposition virtuelle : Lucie Fléjou